Arrhh!

Comment éviter la frustration musicale en piano

Vous êtes un pianiste de niveau débutant ou intermédiaire? Êtes-vous « frustré musicalement », en tant que musicien ne possédant que relativement peu d’expérience? Après plusieurs mois d’étude du piano, vous ne vous trouvez toujours pas assez doué? Avez-vous la triste habitude de vous comparer aux autres pianistes – que ce soit des gens qui vous entourent ou même vos idoles? Êtes-vous jaloux du talent et des habiletés que ceux-ci possèdent? Atteindre vos buts en piano vous semble-t-il toujours difficile ou même impossible, malgré tout votre travail et tous vos efforts pour progresser? Alors, lisez ce qui suit…

Eh bien, si vous avez répondu « oui » à l’une ou plusieurs de ces questions, ne vous en faites pas trop. À peu près tous les pianistes ressentent cette « frustration musicale » de temps à autre ou la ressentiront un jour… C’est normal. Heureusement, il y a plusieurs choses que vous puissiez faire pour combattre la négativité qui résulte de cette frustration que vous éprouvez en musique.

Frustration d'apprendre le piano

Ils ont connu et fait face à la frustration musicale :

Sachez d’abord que bon nombre des « grands noms » de la musique ont été frustrés par rapport à leurs habiletés comme musicien, à un moment donné de leur carrière. Difficile à croire? Voici 4 musiciens et compositeurs classiques bien connus qui vécurent tous des périodes de « frustration musicale » intense derrière leur piano…

  • Ludwig Van Beethoven. Le compositeur allemand né en 1770 et décédé en 1827 travaillait durant de longues périodes sur ses compositions au piano avant de les terminer. C’était un homme qui révisait ses compositions encore et encore; il les retravaillait, doutant constamment de ses efforts initiaux. Plusieurs d’entre vous savez probablement que Beethoven est devenu progressivement sourd. C’est pourquoi il a cessé de se produire comme pianiste en 1814, soit 13 ans avant sa mort.
  • Johannes Brahms, né en 1833 et mort en 1897, était un artiste insatisfait. Il trouvait ses capacités comme compositeur si insuffisantes qu’il a passé 21 années à composer sa toute première symphonie! Il avait l’impression qu’il ne serait jamais capable de composer aussi bien que Beethoven. L’Allemand ne cessait de recommencer sa symphonie… Il la révisait, il l’abandonnait, pour la recommencer peu après, puis la retravailler, etc.
  • Gustav Mahler (1860-1911) avait l’habitude de réviser ses symphonies et autres œuvres, car il doutait toujours de la qualité de ce qu’il avait originalement composé. Mahler aura révisé sans arrêt ses compositions jusqu’à sa mort. Sans aucun doute cela devait-il être archi-frustrant de modifier constamment des œuvres qui avaient déjà paru…!
  • Jean Sibelius, né en 1865 et décédé en 1957, a cessé de composer au piano pendant 30 ans, car il sentait qu’il avait épuisé ses « idées musicales ». Il doutait qu’il puisse composer quelque chose de nouveau qui serait à la hauteur de sa popularité. Et pendant ces 30 années, il aura travaillé sur de nouvelles compositions; ébauchant des morceaux pendant la journée et les détruisant chaque fois. On parle ici d’un plausible très haut degré de frustration musicale!

Braver sa frustration pour pouvoir enfin « décoller »

Revenons à nos figures-exemples. Beethoven a recommencé à composer au piano en 1817. Beaucoup de ses compositions importantes ont été crées à partir de cette époque. Une fois qu’il a recommencé à composer, après sa période d’arrêt, donc, il a innové et aura écrit des mélodies qui n’avaient jamais été entendues jusque-là en musique. S’il avait continué de s’arrêter aux frustrations que sa surdité lui occasionnait et avait laissé ce handicap le « paralyser musicalement », il ne serait pas aussi connu et admiré qu’il l’est de nos jours.

Du côté de Brahms, après les 21 années qu’aura nécessitées la composition de sa première symphonie, l’homme s’est senti soulagé. L’ombre de Beethoven s’est dissipée, permettant à Brahms de continuer d’avancer dans sa carrière. Il a trouvé un moyen de poursuivre sa progression comme compositeur, de faire face à ses frustrations pour mieux s’en libérer.

Notez que Brahms a terminé la composition de sa deuxième symphonie en moins d’un an…

Transformer sa frustration pour en tirer profit : une question d’attitude

Les frustrations peuvent vous être utiles ou vous nuire énormément, et cela selon la manière dont vous les gérez. Ces talentueux et célèbres Brahms et Beethoven ont réussi à trouver des façons positives de vivre avec leur frustration musicale et de la surpasser. Malheureusement, le compositeur Sibelius n’a jamais réussi à en fait autant. Il représente l’un des exemples les plus extrêmes d’une personne qui laisse sa frustration la « détruire musicalement ». C’est bien triste, mais il est mort sans avoir terminé de composition musicale substantielle au cours des 30 dernières années de sa vie!

De « frustration » à « source de motivation » : la clé de la réussite

Le but n’est donc pas de chercher à éviter la frustration, mais de l’utiliser à votre avantage, d’en tirer profit. Mes frustrations musicales ont toujours été ma plus grande source de motivation en piano. Cela explique pourquoi, lorsque j’ai commencé à jouer du piano, je cherchais toujours à obtenir la compagnie, l’enseignement et les conseils de pianistes plus avancés que moi afin qu’ils m’inspirent et me guident. J’ai tiré énormément de ces expériences!

C’est en étant persévérant que l’on s’améliore au piano

Beaucoup de pianistes n’atteignent jamais leur plein potentiel car ils ont l’impression qu’ils ne pourront égaler le talent de pianistes chevronnés ou bien répondre à leurs propres attentes. Mais pourquoi se comparer aux autres? En quoi le fait d’être « aussi bon que » devrait-il compter à vos yeux? Jouer du piano n’est pas un sport de compétition, et l’on ne devrait pas l’aborder de cette manière non plus. La musique c’est – et ce devrait rester – de l’art. Tout ce qui compte vraiment, c’est votre capacité à arriver à vous exprimer par la musique et votre instrument. Alors, si vous cherchez à vous débarrasser de votre frustration musicale, la seule question qui découlerait de ceci est : présentement, avez-vous les habiletés qui vous permettent de bien vous exprimer (et de vous exprimer pleinement) par la musique et le piano?

Bien que les habiletés de certains pianistes ou claviéristes modernes populaires soient limitées, on peut dire bon nombre d’artistes arrivent à s’exprimer très bien par la musique. Le fait qu’ils ne soient pas des Liszt ne compte pas réellement. Le fait que la connaissance de la musique de ces musiciens soit presque nulle ne compte pas non plus. Certains parviennent à créer des morceaux accrocheurs ou marquants. L’important, c’est que tous ces pianistes laissent entrevoir leur personnalité par leur jeu au piano, par leur interprétation – qu’ils soient satisfaits de ce qu’ils arrivent à exprimer par le piano. Ils n’ont aucunement à se comparer à eux-mêmes ou au reste de la musicosphère…

Cesser de se comparer aux autres musiciens

De mon côté, oui, j’ai pensé abandonner le piano quand j’étais plus jeune, mais jamais cela ne s’est produit. Comme ado, l’idée de ne jamais pouvoir être un pianiste prodige ou virtuose comme les Busoni ou Liszt, ou encore un maître compositeur, a été source d’une très grande frustration pour moi. Mais dès le moment où j’ai cessé de me comparer aux autres et ai fait de l’expression de moi-même le but ultime de ma pratique de la musique, tout a changé! J’ai cessé d’être trop dur envers moi-même, j’ai cessé de me comparer aux autres compositeurs et pianistes, car grâce à mon nouveau but, ces comparaisons ne contribuaient que peu ou pas du tout à ma quête de simplement m’exprimer pleinement par la musique.

Une fois ce changement d’attitude effectué, je me suis senti libéré du fardeau d’avoir à « être en compétition » avec le reste du monde. Dès le début des années 80, mon seul objectif a été d’acquérir davantage de connaissances, des compétences, de capacités comme pianiste, soit ces choses qui me seraient vraiment utiles pour exprimer par la musique ce que j’avais en moi.

Et, dans mon cas, ce que je cherchais à exprimer (et exprime toujours) par ma musique requiert un haut niveau de virtuosité en piano et en composition, implique une grande complexité musicale, etc. Donc, parce que j’avais besoin de compétences variées nécessitant beaucoup de pratique et d’étude, mon parcours pour atteindre un niveau élevé comme pianiste a été beaucoup plus long; il a nécessité beaucoup de travail, d’efforts, des études universitaires, etc. J’ai dû acquérir un « bagage musical » beaucoup plus imposant que celui que possèdent beaucoup de pianistes modernes (aux besoins différents en ce qui concerne leur expression par la musique).

Pour conclure

Pour vous qui désirez évoluer en piano et devenir un pianiste compétent, vous êtes évidemment frustré du fait de vous sentir limité par vos habiletés du moment en piano. Mais l’important est d’utiliser cette frustration et de la transformer en une énergie positive vous propulsant, vous motivant et vous inspirant en piano. Les gens passés maitres dans leur art ont tous traversé ce à quoi vous faites face actuellement.

En ce moment, vous avez les compétences en piano que vous disposez, vous êtes à tel ou tel niveau, et c’est bien comme ça. Par votre frustration et votre motivation, vous atteindrez vos buts en piano à un moment donné, c’est certain. Et en atteignant ces buts, quels qu’ils soient, vous vous sentirez probablement de nouveau « frustré », car votre désir de vous améliorer au piano encore plus vous amènera à établir de nouveaux objectifs. Et le cycle se poursuivra… Vous progressez et vous améliorez constamment comme pianiste, voilà tout ce qui compte!

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